Le violon de Gaby, la suite (9) by Polly

Publié le par almanito

Polly (voir le lien de son blog plus bas) m'a fait l'amitié de rédiger cette belle page qui s'intègre parfaitement à l'histoire de Gaby. Merci Polly, vraiment un grand merci, je suis très touchée.

"Ma petite Lola, si gentillette! Elle prend mon bras, on trotte toutes les deux vers le restaurant d'Armand.
Pourquoi lui ai-je parlé de mon châtelain? Une pensée fugace comme ça pour lui. Ce charme tranquille qu'il dégageait, après les jeux brutaux dans la Corse sauvage avec Herbert, comment ne pas se laisser séduire par la maturité et l'élégance de cet aristocrate quand on lutte chaque jour pour ne pas avoir le ventre vide et la peur des bottes? Il est revenu quelques jours plus tard, il regardait les vieilles horloges mais pas seulement le coquin, je sentais bien l'intérêt qu'il portait à mon dos. Il a fini par m'inviter. Son petit château était occupé en grande partie par des troupes. Ses parents et grands-parents devaient se contenter de la cuisine et d'une grande salle parsemée de paravents pour protéger leur couche respective. Il m'a promenée dans les jardins, il fallait nourrir les allemands, tout le monde s'était mis au potager. Il me montra ses mains, ses longues mains qui jouaient aussi du piano, avant, ses mains devenues rapeuses.
J'ai un petit rire, Lola m'interroge, je lui raconte n'importe quoi pour la distraire. Je vois bien qu'elle ne me croit qu'à moitié, mais elle semble accepter mes explications.

Rapeuses, les mains? Pas sur ma peau. Je me souviens de leur douceur, de leur tendre pression, cette façon qu'il avait de me serrer fort comme pour me protéger. Et sa bouche, jamais cruelle, jamais vorace, un délice. Ce n'était pas facile de nous retrouver, mon père veillait sévèrement sur mon emploi du temps et quand il n'était pas là, il fallait bien tenir la boutique. Il venait, je mettais la pancarte "fermé" et on s'embrassait dans l'arrière-boutique. Au début, j'étais rétive, si innocente, si timorée... je lui dois d'avoir apprivoisé mon corps, ses besoins, ses sensibilités, ses émois, je lui dois cette première explosion de joie.
Je frissonne, Lola m'interrompt encore, comme si j'avais froid! J'ai plutot chaud, ce sont des frissons de chaleur. Elle me dit qu'elle ne savait pas qu'on pouvait frissonner de chaud. Elle a tout à apprendre, cette petite!
Un jour, il n'est pas revenu.
Je suis allée jusqu'au château. Les parents étaient terrifiés. Il avait disparu et les allemands le recherchaient. Je n'ai rien su pendant longtemps. Il a fallu la libération de Paris, le 25 août 1944, dans ce délire joyeux, pour que je me retrouve dans ses bras.
Il avait changé, j'avais changé. L'élégant comte avait des rides amères aux lèvres. Sans rien se dire on s'est quittés sur cette place de lampions et de chansons."

Le violon de Gaby, la suite (9) by Polly
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C
Merci Polly pour cette suite légèrement pimentée de l'histoire d'Almanitoo, vous avez toutes deux de très belles plumes qui semblent bien s'accorder.
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A
Merci Caro!
C
Bravo à Polly pour cette suite si pleine de romance et de tendresse.<br /> Bises Alma et belle soirée à toi
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A
Sympa, hein!
J
Bravo et merci à Polly qui a un grand talent.<br /> Bonne soirée Alma
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A
Je suis d'accord! Merci Jackie
P
Jolie moment émotion dans une belle écriture.<br /> Je comprends que tu ais été touchée par la suite de cette histoire en cadeau.<br /> Bise et bonne fin de journée Alma
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A
Un sacré talent, Polly. Je te conseille le "Feuilleton Poules" sur son blog, qui ne manquera pas de te plaire, j'en suis certaine.<br /> Merci Pascale
I
Une scène d'amour décrite avec une grande finesse, merci à Polly pour cette suite très agréable à lire.<br /> Merci alma pour le lien de son site.
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A
Une très belle page, c'est un beau cadeau que Polly nous offre là, oui.
P
;)
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A
Grande dame.